12.27.2005

The Old Boys' Club

Une gracieuseté de David


On a un service de messagerie instantanée au boulot, un peu comme MSN Messenger mais restreint aux employés. Ça permet de se communiquer des informations entre équipes sans avoir besoin d’arrêter de travailler. Ca permet aussi de jaser avec des amis sans que ça paraisse vraiment. Environ 90 % du monde avec qui j’ai fait mes études travaillent au même endroit que moi; si on voulait, on pourrait passer la journée à jaser sur cette messagerie, en passant d’une personne à l’autre quand l’un de nous est trop occupé pour parler. On le fait pas, (en tout cas, pas moi) y’a quand même pas mal de monde avec qui j’ai étudier que j’aime mieux pas revoir, encore moins leur parler.

Quand on passe 10 mois de temps ensemble à étudier; y’a des tensions qui se crées facilement. Quand on passe 7 jours sur 7 à l’école, y’a des alliances qui se crées facilement. Quand on passe presque 24 heures sur 24 dans la même salle, y’a des trahisons qui se font facilement.
Si bien qu’on ne sait plus trop à qui se tourner à la fin. C’est seulement plusieurs mois plus tard, quand on se retrouve encore au même endroit, plus grand cette fois-ci. On est là moins longtemps et on peut s’éviter facilement si on le désire. C’est la qu’on voit qui en vaut la peine.

Sur une quarantaine, si on compte les groupes avant et après le mien. J’en ai gardé quatre. On s’est chacun vu sous nos pires jours; on s’est engueuler, on s’est vu détruit, avec rien d’autre que ce qu’on amenait à l’école. À des moments, on ne se parlait presque plus, on savait pas trop pourquoi, mais on savait que c’était mieux de pas parler et de laisser passer; pour pas tous détruire avant la fin.
Quand on s’est tous retrouvé a la même job, plusieurs mois après, les tensions avaient disparues, on a mieux à faire que se rappeler que les derniers mois qu’on avait passer à étudier étaient durs pour tout le monde.
C’est avec ceux-là que je jase pendant que je travaille. C’est avec eux que je bois de la bière dans les 5à7 de la job. C’est avec eux qu’on s’appelle pour jouer une p’tite game.
Et quand vient le temps de chialer à propos des filles, on se retient pas.

Pendant ces études là, on est tous devenu célibataire. Dans les cinq, il en y a un qui s’est trouver une blonde. Pour ce qui reste, nous, on fait ce qu’on peut. Pas facile quand ton environnement est composé à 90 % de gars, la plupart du temps quand ils te présentent des filles, c’est leur blondes.

C’est pas qu’on veuille rester célibataire, c’est plutôt le fait qui y a pas personne, et quand y’a quelqu’un, on se rend compte qu’elle en vaut pas la peine. Je sais qu’on vient de plus en plus demandant en vieillissant mais est-ce qu’on devient de plus en plus plate par le fait même ? J’ai de la misère à me souvenir à quand remonte la dernière fois ou j’ai eu le goût de faire de quoi vraiment fou avec une fille. J’ai pas de misère à me souvenir de conversations plates que j’ai eu avec des filles que je croyais intéressantes par contre. Je jasais de ça avec Jonathan et Miguel avant le party de Noël, nos dernières histoires qui ont de l’allure remontent aux alentours du cégep. Après ça, pu rien. C’est sûr qui a une couple d’histoires le fun à raconter, mais c’est pas des histoires à succès.

"Pis, comment va Zoé ?
-Bah, finalement, ‘est pas mal plate.
-Ah ouan ?
-Ouan… pis toi ? c’est quoi son nom déjà ?
-Simone ? je la vois pu, un peu trop folle pour moi.
-Hmm, c’est plate ça…"

Comme Jonathan disait, je veux bien me laisser une chance mais quand tu jases avec une fille dans un party pis que 15 minutes plus tard tu te rends compte que tout ce qu’elle a d’intéressant c’est son décolleté, c’est pas vraiment encourageant.

"Tu étudies avec Zoé ?
-Oui, c’est pas mal rushant ces temps-ci, en ¾ de session comme ça, j’ai plein de travaux.
-T’aimes ça au moins ?
-Oui, oui. Qu’elle répond en prenant une gorgée de son verre en cherchant Zoé.
-À pars tes études, autres choses ?
-Non… pas vraiment…"
(Bon, une chance qu’elle a mis ce chandail-là…)

Ou celles qui te regardent en dédain quand tu réponds que tu n’étudies plus, que t’as une job dans ce que t’as étudier. Je me faisais plus regarder quand je travaillais dans un café, un magasin de linge ou une librairie.

"Ah, tu travailles en jeu vidéo ! (merde, mon petit frère fatigant joue tout le temps avec son Playstation. Lui, y travailles là-dedans, y doit jouer souvent).
-Ouais, c’est ça, c’est bien quand même, j’ai un horaire flexible, mes boss sont relax…
-Hmm, hmm… c’est bien.
-Tu veux une bière ?
-Non, merci, faux j’aille chercher mon manteau, je l’ai oublié dans mon char."

Et quand elle est intéressée, il y a quelque chose d’incontournable qui cloche avec elle. Comme un chum deux fois plus gros que toi présent à la soirée et il te watch depuis que la conversation avec elle a commencé. Ou même pire :

"Je peux pas te voir jeudi soir, j’ai ma rencontre avec mon groupe à huit heures.
-Ton groupe ? quel groupe ?
-Un groupe de personnes qui se rencontre pour discuter ce qui marche pas dans notre société, pis qui essayent de trouver une façon d’en faire une autre.
-Euh… pas comme une secte toujours ?
-Non, non. C’est pas religieux."

Je sais que je suis mieux sans elles, que tous les problèmes qu’une relation avec une de ces filles-là me causerait. C’est tout de même plate de pas avoir personne qui m’ai fait penser ‘Ah peut-être que…’ depuis un bon bout de temps. C’est où qu’on les rencontre les filles qui te font dire ‘wow’ quand elle te parle ? En dehors de l’université ou des cégeps ? J’irai pas regarder au boulot, rien de pire que fourrer sa job. Dans les bars, c’est pas mieux, ça fini toujours par être des filles qui viennent pas du Québec, j’ai rien contre ça, mais c’est pas bien parti quand la fille vient du Wisconsin.

D’ici-là, on perd pas espoir, y’en a bien une qui va finir par me faire de quoi. En attendant, je vais aller faire des cartes pour le Club des Vieux Garçons et en distribuer à qui veut bien en faire partie; par choix ou nécessité.
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Sur ce, je vais retourner à mon Baudelaire; moi et Miguel, on s’est dit qu’on irait voler les blondes de poètes cette semaine.
David.