2.12.2006

La fête du mois le plus court de l'année

Une gracieuseté de David


Avertissement: Ce texte porte sur la Saint-Valentin et est écrit par un célibataire. J’averti parce que je pense pas tomber dans le chialage, si vous pensiez avoir une montée de lait contre la fête de Hallmark, ne lisez que la prochaine phrase.


Maudite fête quétaine qui fait chier tout le monde qui y participe, soit pour acheter des cadeaux, faire un souper, acheter des chandelles, une p’tite bouteille de parfum qui sent bon mais pas sur toi, laver les draps, faire attention qu’ils fripent pas, mettre des boules de bain en gélatine pour que ça mousse pour ensuite la souffler dans la face de l’autre, pas oublier la bouteille de vin, avoir des mauvaises directions à la SAQ parce que le commis s’y connais pas, se retrouver avec un vin qui fit pas avec le souper, se rendre compte q
ue ça a collé dans le fond de la casserole, manger avec la lumière ouverte jusqu'à temps que quelqu’un s’en rendre compte pis se lève, brisant ainsi tout restant de romantisme dans la pièce, oublier de mettre le CD de musique sur repeat, oublier que ce disque-là skip à la quatrième toune, c’est pour ça qu’on le fait pas jouer, devoir se coucher tôt parce que demain on travaille, on veut pas être marabout demain, gros meeting avec le boss, au pire on prendra un gros café le matin, mais on a pris un café-baileys le soir, parce que c’est tellement bon, on fait la chenille dans le lit pendant 3 heures, trop fatigué pour faire l’amour le matin, à travers les fissures de soleil qui se lève tranquillos, on se donne un petit bec rapide avant d’aller travailler, bon c’est fini, pas besoin d’une fête de même pour se forcer à être romantique, regarde ce que ça donne anyways, qu’on dit autour de la machine à café aux collègues de travail, maudite fête quétaine.


Bon, pour ceux qui restent, je pense bien que j’ai fini de chialer.

J’ai jamais vraiment détesté la Saint-Valentin, j’ai jamais vraiment trippé non plus. C’est vrai que c’est une fête commerciale, question de dépenser une couple de piasses pour celui ou celle qui partage notre vie, question de se forcer à penser à l’autre, parce qui a des couples comme ça, qui s’oublient, et pour eux, la Saint-Valentin, c’est comme une tape en arrière de la tête qui leur dit : « Réveille ducon, regarde qui t’as en avant de toi! ». Des fois la petite voix, elle ment; ça doit être un peu pour ça qu’on voit beaucoup de couples se briser dans le mois de février.

Mettons qu’on enlève le bout commercial, y reste quoi à cette fête-la ? Il reste deux personnes ensemble qui s’aiment (dans le meilleur des cas). Même sans le facteur argent, ça fait encore chier du monde tout ça. Les célibataires trouvent ça plate, eux ils ont pas quelqu’un avec eux pour se minoucher, ils frustrent parce que leurs amis matchés, eux ils peuvent minoucher, ils se montent des grands discours pour bucher sur les valentins, pis quand ils sont chanceux, l’année d’après, ils changent de clan en brandissant le bouquet de roses rouges haut et fort; « Putain que la vie est belle ! »

Le sujet de la fête est plus important que la fête en tant que tel. C’est supposé être important l’amour, ça dure la vie quand c’est vrai cette chose-là. Ça passe à travers des épreuves, des noyades, ça ressort un peu plus fort, avec un pansement sur la blessure, jusqu'à ce qu’on gratte le bobo encore une autre fois, parce qu’on est trop curieux de la sensation que ça va créer. Mais on la voit partout cet amour-là, dans la rue, dans les films, dans les chansons, dans les yeux de nos amis; l’amour d’apparence que je l’appelle. Celle que Benoit avait tassée un moment donné, en me regardant dans le cadre de porte :
« Ça va Dave ?
─Oui oui, t’inquiète. Que je lui avais répondu, dépourvu, il était pas supposé voir ça, je l’avais caché assez loin pour pas la voir moi-même.
─Okay, si tu veux en parler, je suis là.
─Non, je te dis ça va. »
J’étais parti après, fâché contre moi-même. J’essaye de me souvenir quand c’est arrivé cette conversation-là, j’ai presque l’impression que ça se passe en février.

La Saint-Valentin fait partie de cette amour d’apparence. Toute seule, l’apparence tombe bien vite quand le reste est pas là pour la soutenir. C’est pas avec juste cette amour-là qu’on va se faire des chansons, à moins qu’on veuille des chansons tristes. C’est avec le reste, ce qui parait pas, ce qui dérange pas, qu’on fait les paroles. C’est avec le souvenir de la première fois qu’on a vu l’autre (et j’y crois sincèrement à cette première fois, je trouve ça terriblement important), qu’on crée les images, c’est avec quelque chose de beau qu’on fait la fin. Meme si des fois, la fin on la voit pas, parce qu'on est parti avant que ça finisse.
C’est pas obligé d’être beau tout de suite, va falloir être patient, laisser le temps au tout de bien redescendre, se frotter les yeux un peu, et puis se rendre compte que ce moment-là, il a valu la peine qu’on a eu, que c’est crissement beau quand c’est vrai tout ça.

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David


NB : Dans tout le texte j’ai traiter l’amour comme un mot féminin, et je me suis rendu compte environ à la moitié du texte que c’était masculin. J’ai garder l’intégrale, au diable le genre.