5.25.2006

Le sable et le rhum

Une gracieuseté de David


C’était le lendemain du mariage de mon oncle, je devais me lever tôt pour la deuxième fois de la semaine. La première fois étant pour aller à la Havane, en autobus, un petit voyage de trois heures. Normalement trois heures c’est pas si pire; mais quand mon oncle a son mot à dire dans mes consommations, c’est autre chose. J’avais passé le plus clair du trajet avec le cœur sur les lèvres; jusqu'à qu’on s’arrête dans un petit café à aire ouverte, qui donnait sur une grande vallée de palmiers. J’avais commandé un espresso pendant que ma mère commandait son éternel cappuccino, l’homme derrière le comptoir avait tassé les innombrables mouches d’un geste nonchalant avant de nous offrir nos cafés.
Tout avait semblé plus facile par la suite.
Cette fois-ci, le réveil était moins dur, le mariage était arrosé de vin et de champagne, alcools moins rancunières que le rhum cubain. Je me suis gavé de protéines, parce qu’il parait que c’est bon d’avoir le ventre plein avant d’aller en mer, et j’ai rejoint le reste du monde qui attendait l’autobus. Et c’est justement ce qu’on a fait, on a attendu et attendu pendant une heure, les autobus se succédaient mais la bonne n’a jamais passé. Pendant que les gens autour de moi s’affairaient à trouver une raison au retard, je regardais les chats qui se cachaient dans les plates-bandes de l’entrée principale de notre hôtel. Des petits chats tout maigres, tout blancs tachés d’orange avec un comportement de chasseur, rien à voir avec les chats d’ici, pas touche non plus, premièrement parce que leur fourrure n’a rien d’invitant mais aussi parce qu’ils sont remplis de puces.

Après une bonne heure d’attente, on a finalement décidé de prendre un taxi, on lui a dit qu’on était en retard, il a donc enfilé ses souliers les plus lourds. On est arrivé à destination dix minutes plus tard, une grande marina remplie de bateaux blancs, le taxi nous a déposés en face d’un énorme catamaran, déjà rempli de touristes en maillots multicolores. Un homme qu’on avait rencontré la veille, est sorti de l’office pour nous saluer et nous presser de monter sur le bateau, il se nommait Ernesto et il était le fils du propriétaire de la marina. Avec un sourire radieux, il nous a avoué qu’il avait fait attendre le bateau pour nous, quand il avait su que nous serions en retard.
Comme si rien n’était, le catamaran s’est mis en marche et nous a fait voguer sur une eau d’un turquoise incroyable pendant un bon trois heures, on s’est arrêté une fois pour nager dans les coraux et une autre pour nager dans un enclot de dauphins. Ernesto s’est arrangé pour que la femme de mon oncle puisse se faire tirer par les dauphins en s’accrochant à leurs ailerons, je me sentais comme dans Free Willy.

On s’est ensuite accosté sur un vieux quai de bois poli par l’eau salée, sur l’ile Cayo Blanco, l’ile de sable blanc avec une grande terrasse de touristes qui mangeaient de la langouste bouillie aux tomates. Ernesto nous a installé à l’opposé de la foule et nous a offert de la langouste grillée avec
des camarones princesses, question qu’on se sente encore plus choyé. J’ai longé la plage le ventre plein, en cueillant des coquillages avant de retourner au bateau.
On est revenu à la voile, contrairement au matin, méthode beaucoup plus rapide que le motorisé, et beaucoup plus agréable, avec le soleil rosé juste un peu pour nous accueillir sur terre. Cette fois-ci, l’autobus nous attendait.